L’Approche Par Compétence dite « APC » ou CBE (Competency-Based-Education) ou encore CBT (Competency-Based-Training) est très en vogue actuellement dans le milieu de l’éducation professionnelle : de l’insertion jusqu’aux écoles de contrat de professionnalisation et aux CFA.
L’APC n’est pas récente et vient du milieu universitaire.
Dès le début des années 1990, des universités canadiennes et notamment québécoises ont mis en place ce type d’approche pour repenser leur modèle pédagogique de type « Approche par Programme » ou « Approche Par Discipline ».
L’approche par compétence repose d’abord sur une réécriture des référentiels de certification et de formation. La finalité d’une formation n’est plus de faire acquérir seulement des « ressources », c’est-à-dire des savoirs ou savoir faire, mais “des savoir-agir avec compétences” .
Le passage du référentiel de programme en un référentiel de compétences est une révolution . Ce qui compte, ce n’est plus faire assimiler la « discipline » telle qu’elle est organisée, mais aider l’apprenant à maîtriser les situations réelles qui font la différence dans l’exercice du métier. C’est pour cela que ces situations-problèmes sont dites situations-emblématiques, critiques ou encore authentiques.
Les antiAPC voient dans cette structuration par compétence des référentiels un biais évident. Les savoirs acquis par les apprenants peuvent devenir des savoirs en miette. Et surtout, l’Université ne transmet plus une culture, mais fait acquérir des gestes professionnels, une pratique. Elle entre dans une logique utilitariste au service de l’économie.
Les défenseurs de l’APC, quant à eux, préfèrent montrer l’aspect économique de l’apprentissage. On n’apprend les savoirs et savoir-faire qu’à condition qu’ils soient utiles. Les temps d’acquisition théorique et de mise en pratique ne sont plus séparés mais intégrés. Les va-et-vient entre théorie et pratique et pratique et théorie sont permanents. Or nous savons grâce à la didactique professionnelle que nous sommes capables de « conceptualiser dans l’action » tout autant que d’appliquer nos concepts, schèmes, théories d’action dans la situation elle-même.
Les transformations de l’APC ne se limitent pas à la seule élaboration des référentiels. C’est toute la démarche pédagogique qui est impactée.
Dans une « Approche par Discipline », la formation est bâtie autour du programme des connaissances à acquérir, traduit en objectifs pédagogiques.
Le groupe-classe progresse de façon plus ou moins homogène vers ces objectifs. Des évaluations de connaissances sont mises en place pour contrôler cette progression. Quand certains décrochent, on leur propose des actions de rattrapage ou de renforcement. Mais globalement, le formateur est là pour transmettre les connaissances qui sont au cœur de la discipline. C
L’APC est une approche personnalisée. La première étape du parcours est de positionner chaque apprenant au regard du référentiel des situations-emblématiques à maîtriser. Ensuite, un parcours personnalisé d’apprentissage lui est proposé. Il consiste pour lui à traiter chacune des situation-problèmes qu’il ne maîtrise pas encore.
L’apprenant va donc apprendre à son rythme en se mettant en situation. Avant de faire ou après avoir fait, le formateur peut lui proposer des ressources (e-learning, tutos, e-reading et même un mini cours sous forme d’explication flash si besoin), mais le principe est d’apprendre en faisant et d’acquérir des ressources seulement parce qu’elles sont nécessaires dans l’action.
Dans l’éducation professionnelle, c’est-à-dire dans l’apprentissage d’un métier, les bénéfices sont évidents. C’est une pédagogie où l’on va droit au but.
Pour réussir le déploiement d’une approche APC, nous avons notamment appliqué au sein de notre centre de formation les règles suivantes :
- Former les stagiaires à apprendre en autonomie et les accompagner dans leur autonomie via la formule e-learning
- Elaborer pour chaque situation apprenante les fiches d’activités pédagogiques qui sont à la pédagogie APC, ce que sont les scénarios pédagogiques à la pédagogie de l’approche par programme.
- Concevoir les situations apprenantes dans une approche multidisciplinaire où formateurs professionnels travaillent main dans la main avec les professeurs d’enseignement généraux
- Organiser les flux pédagogiques non plus en Groupe-classe mais dans des espaces pédagogiques ouverts où l’unité de lieu, de temps et d’action n’existe plus. Chaque apprenant a son parcours à la semaine ou au mois et navigue à son rythme dans son apprentissage.
- Conserver une dynamique collective des apprentissages en prenant soin de favoriser les apprentissages collaboratifs en situation (instruction croisée, projet collectif…).